A quoi ça sert les émotions?

Pour pouvoir répondre à cette question, penchons-nous sur quelques clés de compréhension. 

Clé n°1 : les émotions sont l'affaire de tous et créent des actions corporelles (cognitives et psychologiques) en quelques secondes sans s'en rendre compte. 

• Les émotions sont universelles : elles sont l'affaire de tous malgré le genre, le niveau socioéconomique, la culture, le pays, ...
  Les émotions universelles sont aussi appelées "primaires" et sont au nombre de 6 (pour la plupart des chercheurs).
  Lesquelles sont-elles? La colère, la joie, la peur, la tristesse, le dégout & la surprise. 
• Les émotions sont physiologiques. Lorsque nous ressentons une émotion, celle-ci se manifeste par une activation corporelle (sueurs, augmentation du rythme cardiaque,...). Nous ne savons pas aller contre, les émotions sont dans notre corps et se manifestent bien avant d'en avoir conscience.

Clé n°2 : les émotions sont nos alliées.

• Pendant longtemps, les émotions étaient pointées du doigt. Malgré une évolution sociétale à ce sujet, on peut toujours dire que les émotions amenant des comportements socialement inacceptables ne sont pas les bienvenues. En effet, pour bon nombre, il est bon de les faire taire, de les maîtriser, de s'en débarrasser. Bref, dans ce cas précis, les émotions ne sont pas perçues comme des alliées mais plutôt comme des ennemies.   
• Pourtant, la vision scientifique récente nous éclaire : les émotions ont une fonction constructive, elles visent à faciliter l'adaptation de l'individu à son environnement. Les émotions sont donc un radar nous permettant de réagir, de nous adapter et de coordonner une réponse plus adéquate, plus en lien avec nos valeurs, les risques, les besoins,... Il est donc évident que les émotions sont nos alliées nous permettant d'être congruent dans nos actions.

Clé n°3 : les émotions ont plusieurs fonctions. 

• Les actions telles que courir parce qu'un ours nous poursuit / s'arrêter devant un précipice / ... , ne sont pas réfléchies consciemment. Ces actions primaires sont de l'ordre de la survie : les émotions sont donc un système d'alerte précieux pour nous permettre de rester en vie. Les émotions, dans l'histoire de l'humanité, ont permis à l'homme d'être toujours là.
• Au-delà de cette première fonction, les émotions ont aussi une fonction de communication. En effet, ma posture & mes mimiques donnent des indications à autrui afin qu'il puisse percevoir ma propre émotion et s'y adapter. 
• Les émotions influencent les apprentissages et plus spécifiquement les fonctions cognitives (l'attention, les systèmes de mémoire, la récupération,...). C'est ici même que l'on peut comprendre l'impact du système émotionnel sur la motivation, le sentiment d'efficacité personnelle & la curiosité d'apprendre. Les émotions ont donc toutes leur place dans l'école afin de pouvoir optimiser les apprentissages. 

Les émotions se manifestent physiologiquement suite à un déclencheur : chacune a un objectif/un but bien précis. 

• La colère se manifeste par une augmentation du rythme cardiaque, des tensions musculaires, un tonus musculaire plus vif. La température du corps s'élève ce qui nous amène parfois a avoir chaud, des rougeurs, des plaques sur le corps.  
  La colère survient souvent suite à une injustice, à un obstacle complexe à dépasser, à une impossibilité d'expression au moment adéquat. 
  Elle va se manifester par une forme d'attaque verbale et/ou physique ou bien par un rejet afin de ne pas se confronter. 
  La colère nous donne une indication extraordinaire : elle vient nous montrer nos propres limites et nous aide à identifier "qui/ce qu'il" faut tenir à distance pour notre équilibre. 
• La peur se manifeste par une augmentation du rythme cardiaque ainsi que de la respiration. Les pupilles se dilatent, une sensation de froid apparait ainsi que des mouvements de recul/de retrait. 
  La peur nous indique que nous sommes en danger, face à une menace et qu'il serait plus que judicieux de la fuir.  
• La tristesse va, quant à elle, se manifester par la présence de larmes, des paupières basses, les commissures des lèvres vers le bas. Cette émotion apparait suite à une perte, à un deuil et nous amène à nous mettre en retrait. 
  La tristesse est une émotion qui amène un besoin de liens sociaux afin de pouvoir échanger, partager, recevoir du soutien de la part de l'autre. 
• Enfin, la joie qui se manifeste par du rire, sourire, excitation, chaleur adéquate voire élevée dans le corps. Cette émotion est un élan, elle nous pousse en avant en nous amenant à de l'ouverture/à l'approche des autres et du monde. Cette émotion provoque un besoin de partage, d'échange, de convivialité, de créer de nouvelles opportunités. 

Les émotions, grâce au temps, aux expériences, aux régulations, à l'accompagnement vont, au fur et à mesure s'apprivoiser. 
Apprivoiser ses émotions n'a pas d'âge, il n'est jamais trop tard. 

Cependant, si nous souhaitons faire un cadeau inestimable à nos enfants, il n'est jamais trop tôt pour les accompagner sur ce chemin de l'apprivoisement de ses émotions afin qu'ils puissent évoluer tout au long de leurs  vies avec des ressources bien ancrées. 

Je vous propose deux outils, l'un pour vous, l'autre pour votre enfant, à activer le plus souvent possible jusqu'à ce que cela devienne automatique. 

• Scanner notre corps pendant nos émotions :
  Afin d'apprivoiser nos émotions, il va falloir les reconnaitre : comment se manifestent-elles en moi?  qu'est-ce que mon corps me donne comme information lors d'un vécu émotionnel? les ressentis sont-ils toujours les mêmes/différents? 
  Concrètement, lors d'une prochaine émotion "forte" (agréable ou désagréable) prenez le temps de ressentir ce que votre corps vous dit : est-il tendu? quelle chaleur/froid perçois-je? quelles sont les membres/les organes qui s'agitent? le poids de mon corps est plongé/ancré/sautillant sur le sol? ... 
  Toutes ces informations sont précieuses et prenez le temps de les accueillir : "Oui, je te sens gorge serrée, tu me fais bien mal. Je comprends, grâce à toi que j'avais une folle envie de crier mon opinion mais je t'ai gardée en moi". 
  Ce premier pas est déjà le plus merveilleux : ressentir et accepter ce corps qui parle, bref se reconnecter à soi. 
  Lorsque cet exercice vous paraîtra plus évident, il sera intéressant de le réaliser pour les émotions plus subtiles et de creuser votre exploration corporelle. 
  
  
• Je suis là, avec mon enfant, je l'entends (même si je ne suis pas d'accord): 
  Lors d'une prochaine émotion forte, je me connecte avec mon enfant en me rendant physiquement près de lui et à sa hauteur (on évite le face à face en cas de colère forte). Lorsque l'émotion est moins débordante, je propose à mon enfant un contact physique (caresse, massage, être câliné,...) : mon intention d'adulte est de venir augmenter son niveau d'ocytocine, hormone de l'attachement et de l'amour afin de l'aider à réguler son émotion. 
  Lors de ce toucher, on peut rester en silence ou bien verbaliser l'hypothèse que nous avons du ressenti de notre enfant. 
  Dans ce cas, nous aidons notre enfant à entendre des mots qui conviennent (peut-être!?) à son ressenti émotionnel : nous lui apprenons à verbaliser. 

Pour clôturer, revenons sur les essentiels de cet article. 

• Les émotions n'ont ni d'âge, ni de sexe, ni de pays. Elles sont universellement vécues mais socialement adaptées en fonction de nos civilisations. 
• Elles nous permettent de nous adapter à notre environnement (en restant en vie) et de donner des informations aux autres afin de communiquer ce qui se passe en nous. 
• Chaque émotion a une fonction et n'amène pas les mêmes réactions physiologiques et actions. Il est donc utile d'écouter son corps réagir aux émotions : il nous donne des informations précieuses pour agir. 
• Les émotions s'apprivoisent à tout âge : il n'est jamais trop tard pour grandir dans ses compétences émotionnelles.