Le sommeil de mon enfant.

Les campagnes de communication ont été fortes depuis de nombreuses années : il est essentiel pour la santé, pour le corps ainsi que pour l'esprit de bien manger. Grâce à ces campagnes, on peut observer des changements familiaux, sociétaux ainsi qu'institutionnels se réaliser au fur et à mesure du temps. Des projets fleurissent pour que les fruits et les légumes soient plus présents dans les assiettes, que l'eau soit la boisson principale, etc. Et c'est super, évidemment! 

Cependant, il serait idéal que des prises de conscience apparaissent aussi, au niveau du sommeil. En effet, bien dormir est tout aussi important que bien manger mais ce fait n'est pas encore entré dans la pensée collective comme un élément central du développement de l'enfant, de l'adolescent ainsi que de l'adulte. 

Pourtant, on le sait aujourd'hui, il existe des liens étroits entre le sommeil et les fonctions cognitives (ces fameuses fonctions dont je vous parlerai dans un prochain article) ainsi qu'avec la régulation de l'humeur.
Peut-on donc encore s'étonner d'agitation, d'agressivité, de baisse de vigilance de la part de notre enfant si le sommeil n'est pas considéré comme une des fondations centrales? Peut-on encore négliger celui-ci en ayant conscience de son poids sur le quotidien? 
Explorons ce sommeil, si important au développement. 

Le sommeil, cette période de veille qui représente une bonne partie de notre journée, est composé de 4 phases différentes ayant chacune un rôle spécifique. 

Durant la période de veille, nous allons vivre 4 à 6 cycles de 90 à 110 minutes composés de différentes phases : l'endormissement, le sommeil lent léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal.

Chaque cycle va se succéder... comme des trains qui se suivent les uns après les autres avec chacun des wagons ayant des rôles spécifiques (les phases). 

Qu'est-ce que cela nous apporte? 
Connaitre son fonctionnement nous permet de mieux l'appréhender. Lorsqu'on connait sa machine intérieure on sait tout simplement mieux l'utiliser! 
On pourrait comparer cette connaissance de soi à la connaissance qu'un pilote a de sa voiture de course : mieux il connait les particularités du moteur, de la composition de sa voiture, mieux il saura la manier et l'utiliser et donc être plus performant. 
Finalement, apprendre son propre fonctionnement c'est posséder une clé indispensable amenant compréhension et meilleure action.  

Pendant la nuit, le sommeil va permettre tout un tas de régulations des fonctions globales comme la croissance, le développement, l'équilibre hormonal, les défenses immunitaires,... 

Cependant, ce qui m'intéresse vraiment est de vous expliquer l'influence qu'a le sommeil sur les fonctions cérébrales et cognitives . 
Pendant la période de veille, le cerveau fait le ménage : il trie, jette, recycle, range, organise, consolide les apprentissages vécus pendant la période d'éveil.

De plus, le sommeil a un sacré rôle au niveau de la mémorisation : c'est pendant la nuit que tout se fixe, se connecte.
La nuit, le cerveau travaille sans relâche pour synthétiser les apprentissages essentiels, les connecter, les organiser ainsi que de jeter ce qui n'est plus pertinent. C'est donc pour cela qu'on peut avoir l'impression, au réveil, d'avoir compris subitement un élément qui nous semblait flou la veille : le cerveau a créé les liens! 
Bon, ne croyons tout de même pas que le cerveau va apprendre seul ;) on parle bien d'apprentissages faits qui demandent à être connectés avec d'autres connaissances déjà acquises précédemment. 

Bref, vous le comprenez, le cerveau travaille énormément la nuit et c'est pendant ce moment de veille que tout cela est possible : bien dormir et dormir longtemps est donc essentiel pour la maturation du cerveau de notre enfant. 

La qualité du sommeil va influer l'attention, le raisonnement et la mémorisation de l'enfant! Pensons-y au quotidien : nous avons un rôle à jouer en suscitant et en soutenant le sommeil.  

En tant qu'adultes, nous pouvons tout d'abord nous questionner sur les conditions du sommeil : la pièce est-elle un lieu agréable, ayant une température adaptée & sombre? A-t-on mis en place des rituels afin d'amener le corps à se détendre pour arriver à l'endormissement de notre enfant : lire, se câliner, se masser, réaliser un exercice de respiration, de méditation? 

Ayons en tête que le sommeil est aussi un apprentissage, cela demande aussi du temps, des étapes, des allers-retours incessants,... ne perdons pas espoir.

Nous pouvons aussi apprendre très concrètement à l'enfant à quoi sert le sommeil. Lorsque l'enfant comprend que dormir n'est pas une période d'ennuis où il est privé de liberté mais plutôt un moment où il est acteur de son développement, on change de paradigme. 

La sieste est un moment de veille lui aussi et elle coïncide avec le moment de la journée où il y a une diminution de la vigilance. C'est donc un moment important à exploiter tant pour les petits que pour les grands. 
La sieste permet d'amener des bénéfices lorsque l'enfant a des dettes de sommeil, elle va réguler ces dernières.

De plus , plus le moment de pause/ de sieste est proche du moment de l'apprentissage, plus il y a de chance que l'apprentissage soit consolidé. Nous avons donc tout intérêt, à la maison ou à l'école, petits ou grands, à réaliser des siestes/des pauses. 

Il est important de savoir que quelques pays dans le monde fonctionnent très différemment de nous et que la sieste fait partie intégrante de la journée quelque soit l'âge et la fonction. Auraient-ils déjà tout compris? 
Si l'enfant refuse la sieste où qu'elle n'est pas d'actualité dans l'organisation (par exemple, l'après-midi dans les écoles dès la primaire), il est très intéressant de pouvoir réaliser des séances de relaxation, de méditation, de respiration qui amènent des effets proches de ceux de la sieste. En bref, donner la possibilité à l'enfant de se couper du monde quelques instants, permet au cerveau de se concentrer sur lui-même et de permettre déjà un petit ménage dans les connaissances. 

A tout bientôt! 

Anne Lise Gonçalves